Pourriez-vous imaginer que l’application Google Maps, sur votre propre smartphone, puisse vous mettre en danger ? Ou nier l’existence de votre ville, village ou même de votre pays ? Cela paraît inimaginable mais, pourtant, cela est bien réel.
C’est ce que vient de démontrer l’ONG palestinienne 7amleh – Le centre arabe pour le développement des médias sociaux – dans son rapport publié mardi 18 septembre, intitulé « Ségrégation cartographique : Google Maps et les droits de l’homme des Palestiniens ».
Cette étude révèle de nouveaux aspects sur la manière dont « le processus de cartographie de Google Maps dans les territoires palestiniens occupés sert les intérêts du gouvernement israélien et contredit l’engagement de Google envers les cadres internationaux des droits de l’homme », selon le rapport de l’ONG.
D’après l’ONG 7amleh, l’application de géolocalisation du géant Google « n’inclut même pas le terme de recherche ’’Palestine’’ et inclut rarement les noms des zones palestiniennes non reconnues par Israël, tout en incluant en même temps les noms et lieux des colonies israéliennes illégales ».
Itinéraires dangereux
« Les cartes négligent également d’exprimer les centaines de barrages routiers, de points de contrôle permanents et aériens qu’Israël a érigés à travers la Cisjordanie en violant le droit des Palestiniens à la liberté de mouvement. »
En conséquence, les itinéraires proposés par Google Maps sont réservés aux Israéliens et aux colons illégaux et peuvent donc être dangereux pour les Palestiniens.
Le rapport rappelle qu’« il y a des conséquences potentiellement graves pour les Palestiniens de Cisjordanie qui pourraient se retrouver en situation de devoir traverser des check-points israéliens ou des colonies israéliennes en Cisjordanie ». C’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir des services de cartographie et de planification d’itinéraire précis.
« Les restrictions de circulation imposées aux Palestiniens peuvent avoir des conséquences mortelles : des Palestiniens de Cisjordanie sont morts aux postes de contrôle après avoir été privés du droit de passage par les autorités israéliennes (B’Tselem 2004). Des Palestiniens sont également morts aux entrées des colonies et aux arrêts de bus après avoir été abattus par des soldats israéliens sous prétexte qu’ils auraient constitué une menace. »
Re-cartographier la Palestine
Par ailleurs, Google Maps semble adopter la version géographique israélienne en refusant d’afficher les frontières internationalement reconnues, certains villages et villes palestiniens, des points de contrôle israéliens et des zones réglementées. Ce qui est contraire au droit international.
Les auteurs du rapport citent des initiatives non gouvernementales qui tentent de contrecarrer ces injustices géographiques : l’ONG californienne The Rebuilding Alliance organise régulièrement des « Map-Athons » où des Palestiniens et des experts en cartographie ajoutent à Google Maps des villages, des rues et des structures résidentielles et agricoles palestiniennes disparues e la carte. En 2016, The Rebuilding Alliance et Bimkom, une autre ONG, ont réussi à faire en sorte que Google Maps ajoute 236 villages palestiniens manquants à leurs cartes.
L’ONG palestinienne appelle Google Maps à « respecter les normes internationales en matière de droits de l’homme et de fournir un service qui reflète la réalité au lieu d’adopter uniquement le récit israélien ».
« La Palestine doit être nommée sur Google Maps conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies de novembre 2012 et, sur la base de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies, le statut international de Jérusalem [doit être] affiché en conséquence ».
Identifier les colonies illégales
Google Maps affiche tous les villages palestiniens (bédouins) « non reconnus » par les autorités israéliennes en Israël ainsi que des villages palestiniens dans la zone C (sous contrôle israélien).
« Conformément à l’article 49 de la quatrième convention de Genève et à l’article 55 du règlement de La Haye, Google Maps doit faire référence aux colonies israéliennes illégales situées en Cisjordanie et les distinguer. Il est essentiel de se référer clairement aux zones A, B et C en Cisjordanie sur Google Maps et de cartographier toutes les restrictions de circulation et les rues restreintes », conclut le rapport.