Tout est dangereux, oui ! Les nouvelles poupées Barbie et Ken en Palestiniens, c’est intolérable ! L’armée israélienne a saisi 700 poupées dans l’atelier de la jeune entrepreneure palestinienne, Hilana Abou Charifa, qui tient l’unique fabrique de poupées des Territoires palestiniens.
Yasser, tenue kaki et keffieh sur la tête, et Zaina, robe de villageoise palestinienne, sont la fierté de Hilana Abou Charifa. E même si elles n’ont guère plu aux autorités israéliennes, elle a décidé de poursuivre ses créations, dont l’objectif est de promouvoir l’identité palestinienne.
Avec son époux Hussein, Hilana s’est lancée dans la fabrication de poupées il y a plus de 15 ans. Mickey Mouse, Bob l’éponge, les Schtroumpfs, chaque année des milliers de jouets inspirés de personnages de dessins animés sortent de son petit atelier situé dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie.
?Mais depuis 2014, Hilana s’est lancée dans une entreprise plus ambitieuse : fabriquer des poupées inspirées de la culture palestinienne. En quelques mois, la fabricante réussit à mettre sur pied son projet "Yasser et Zaina".
"L’idée, derrière ce projet, était de faire connaître la culture et le patrimoine palestiniens, les composantes de notre identité palestinienne.", affirme Hilana Abou Charifa. "J’ai imaginé plusieurs robes pour Zaina car dans chaque ville palestinienne, les femmes portent une robe traditionnelle différente. Pour Yasser, j’ai confectionné deux modèles de vêtements. Le keffieh et la tenue kaki, pour rendre hommage à Yasser Arafat, puis une tenue qui correspond à un jeune palestinien, avec une casquette et un T-shirt."
"Fin décembre 2015, l’armée israélienne a débarqué dans l’atelier et saisi toutes les poupées Yasser qui s’y trouvaient, soit environ 700. Elle nous a accusés d’"incitation à la violence". Nous étions étonnés car pour nous, notre poupée ne véhiculait aucun message violent, c’était juste un hommage à la culture palestinienne."
"Mais j’ai tenu à continuer à les fabriquer, et pour le moment ll’armée israélienne me laisse tranquille et je parviens à passer les checkpoints avec mes poupées qui sont faites dans notre atelier par nos six employées, toutes des femmes. Quant à la matière première, elle est importée en partie de Chine. Nous utilisons aussi du tissu recyclé des costumes traditionnels pour fabriquer les tenues. Les poupées coûtent 70 shekels l’unité (environ 17 euro) sur le marché local.
Ces poupées se vendent correctement ici, mais nous visons surtout le marché international. Pour l’instant, nous avons envoyé quelques exemplaires aux États-Unis, aux Émirats arabes unis et en Europe dans l’espoir de trouver des partenaires qui seraient prêts à les distribuer dans ces pays. Pour nous, ce serait une belle manière de faire connaître la culture palestinienne dans le monde."
Article initialement publié sur le site des Observateurs de France 24.
CAPJPO-EuroPalestine