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Les ressources en eau en Palestine

Eaux de surface et Wadi : les eaux de surface viennent principalement du Bassin International Jordanien qui, en théorie, est une ressource partagée entre la Palestine, Israël, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Mais suite à l’occupation israélienne actuelle et l’exploitation de cette source d’eau, les Palestiniens n’ont pas eu le droit d’utiliser cette source depuis 1967 ; Israël leur nie ce droit international depuis 37 ans. Avant 1967, les Palestiniens utilisaient 140 unités de pompage pour extraire l’eau du Bassin de la rivière Jourdain qui court le long de la frontière Est de la Palestine. Mais celles-ci ont été par la suite détruites ou confisquées par les forces d’occupation israéliennes. De plus, l’utilisation excessive par Israël de la rivière du Jourdain a provoqué l’épuisement et la détérioration de la qualité de l’eau.
 
Les eaux de ruissellement de surface s’accumulent dans les Wadi ou dans les lits de rivière desséchés et dépendent principalement de la quantité de pluie qui tombe en hiver. En Palestine, les eaux de ruissellement provenant des Wadi coulent dans deux directions : à l’Est et vers l’ouest à partir du bassin aquifère de la montagne centrale respectivement vers la Vallée du Jourdain et le Bassin Méditerranéen.

Mais parmi les quatre Wadi permanent en Cisjordanie, tous coulent vers l’Est. Malgré le fait que la collecte des eaux d’inondations soit un processus assez coûteux et donc peu utilisé, certains suggèrent que cette source pourrait être plus largement canalisée. De plus, la politique d’occupation a aussi affecté l’accessibilité aux eaux de surface provenant des Wadi. Le Wadi Gaza par exemple pourrait potentiellement servir en tant que source pour collecter les eaux de ruissellement mais Israël a restreint l’écoulement de l’eau avec une série de barrages. De plus, des problèmes de pollution se produisent à cause des systèmes d’eaux usées ouverts ainsi que les décharges et les égouts provenant des colonies ce qui pose un défi supplémentaire pour la collecte des ressources d’eau des Wadi.

Les lacs saisonniers en Cisjordanie doivent aussi être pris en compte en tant que sources d’eau même s’ils sont moins largement étudiés et exploités. Le Marj Sanur dans le Gouvernorat de Jénine est le plus significatif des lacs. Dépendants des pluies de l’hiver, les lacs cycliques peuvent potentiellement être remplis plusieurs mois chaque année.

Eaux souterraines : la première source d’eau en Palestine provient des aquifères d’eaux souterraines, de formations géologiques du sous-sol qui contiennent de l’eau qui peut être extraite à partir de puits ou de sources.
 
Les deux principaux aquifères dans la Palestine historique sont les aquifères « Mountain * et Gaza (côtier). La structure de l’aquifère Mountain composé de trois systèmes (Ouest, Est et Nord-est) chacun nommé selon la direction du flux de leurs eaux, a une recharge annuelle totale de 679 Mm3. Parmi les trois systèmes, l’aquifère Ouest est celui qui est le plus abondant, coulant vers la méditerranée avec une capacité de remplissage d’environ 362 Mm3 par an, suivi de l’aquifère Est avec une capacité de 170 Mm3 par an (malgré le fait que 50% de celle-ci est saumâtre) et finalement, l’aquifère Nord avec 145 Mm3 par an.
La zone de remplissage de la partie ouverte de l’aquifère ouest à l’Intérieur de la Cisjordanie est de 1.686 km2 (68% de la zone ouverte de l’aquifère). La zone hors de la Ligne Verte (principalement une zone de décharge ou d’abstraction sauf pour la région de Jérusalem) est de 780 km2 (32% de la zone ouverte de l’aquifère). La zone de la partie confinée de l’aquifère est prés de 1.379 km2 ; elle est entièrement hors de la Cisjordanie et est une zone surtout de décharge et d’abstraction.

Près de 100% du bassin Est est situé à l’intérieur de la Cisjordanie, mais les Palestiniens n’ont le droit d’en extraire que 54 Mm3 par an et les israéliens en extraient environ 40 Mm3 par an à partir de ces sources.

L’aquifère Gaza (ou connu communément sous le nom d’aquifère côtier) a eu un remplissage annuel beaucoup plus faible d’environ 55 Mm3. Le fait de trop pomper cette source à une cadence de 110 Mm3, a provoqué une salinisation et détérioration de la qualité de l’eau de l’aquifère. De plus, le fait qu’Israël a endigué le Wadi Gaza a eu un impact négatif sur la capacité de recharge de l’aquifère Gaza.

Malgré le fait qu’environ 83% des remises à niveau du système de l’aquifère Mountain se trouvent à l’intérieur des territoires occupé palestiniens, Israël confisque plus de 80% de l’eau engendrée par cette source pour les colonies et pour Israël. De plus, ces ressources d’eau sont situées directement sous les zones principales qui sont en train d’être annexée par le Mur, Celte question devra être débattue plus tard en détail.

Israël rend public le fait que le système aquifère Mountain est l’une de leurs sources principales d’eau ; il n’est donc pas difficile d’imaginer qu’Israël résistera à toute mesure qui pourrait menacer leur prise sur cette ressource et qui compromettrait leurs intérêts. Ci-dessous se trouve un tableau sommaire d’extraction d’eau des principaux aquifères en Palestine et qui montre clairement les différences entre l’occupant et les occupés.

Bassin Aquifère  Extraction Palestinienne  Extraction Israélienne Utilisation additionnelle des colons  Extraction totale  Débit sans danger
Ouest 
20 340 10 372 362
Nord  42 103 5 145 150
Esl  54 40 50 144 172
Gaza  110 0 5-10 120 55
Côtier  0 260 0 260 260

Utilisation et taux d’extraction des aquifères (Mm3 par an) / Résultat de l’accord intérimaire. 1995, Annexe 3, Article 40.
 

Puits israéliens : il y a 42 puits profonds en Cisjordanie qui ont été creusés depuis 1967 et qui sont presque exclusivement utilisés par Israël pour l’approvisionnement en eau des colonies israéliennes. L’extraction totale de ces puits qui sont surtout situés dans le Basin Est, est d’environ 45 Mm3 par an ; la plus grande partie de cette eau est utilisée pour l’agriculture. Seul 9 Mm3 (20%) de ces puits est fourni aux communes palestiniennes, environ la moitié est utilisée pour l’agriculture dans la région de Bardala. Le forage israélien de puits profonds a un effet direct sur les autres sources d’eau palestiniennes. Par exemple, dans le nord de la vallée du Jourdain, 8 puits et 11 sources (utilisées â l’origine pour l’agriculture) ont été totalement asséchées suite aux forages israéliens dans la région.

Sources : les sources servent de drainage naturel pour les systèmes d’aquifères quand le niveau des eaux souterraines déborde de la surface de la terre et que l’eau s’écoule. Le forage israélien de puits artificiels profonds a minimisé la capacité de drainage naturel de beaucoup de sources. Selon le PWA, il y a 297 sources naturelles en Cisjordanie qui fournissent environ 60 Mm3 par an, la majeure partie provenant des 114 sources majeures. Mais on estime qu’il y a actuellement plus de 400 petites et grandes sources à travers la Cisjordanie.

Etant donné que les niveaux de recharge du tableau des eaux dépendent de la quantité de pluies qui tombent, le débit des sources varie selon les années. En termes d’utilisation, la majeure partie de l’eau de source va à l’irrigation à l’opposé de l’utilisation domestique. Mais cela vaut la peine de noter que les sources, surtout étant donné la sévérité de la situation actuelle de l’eau, ont la double fonction (agricole et domestique).

Récolte de l’eau de pluie : les Palestiniens dépendent aussi beaucoup des récoltes de l’eau de pluie dans les citernes qui fournissent environ 6.6 Mm3 par an. Les citernes sont utiles pour compenser les besoins d’eau qui sont déficients suite aux infrastructures dévastées. Dans la plupart des cas, les citernes recueillent l’eau des toitures pendant la saison de pluie, eau qui est alors emmagasinée dans les containers sous la surface dont le volume va de 60 à 100 m3. Une grande partie de l’eau récoltée est pour usage domestique. Des camions citernes remplissent les citernes quand celles-ci sont à sec en été (déficit de pluies).

Puits d’eau souterraine : Il y a 34 puits appartenant aux municipalités et aux conseils locaux qui sont répartis à travers toute la Cisjordanie. En général ces puits fonctionnent suffisamment et maintiennent un taux de production autour de 20.7 Mm3 par an. Peu de temps après l’établissement de la ’Palestinien Water Authority’, la construction de 4 nouveaux puits a été autorisée dans la région de Bethlehem/Hébron afin d’augmenter l’alimentation dans ces districts. La production totale de ces puits est d’environ 4.1 Mm3 par an, ce qui malheureusement est inférieur aux attentes qui estimaient qu’ils allaient produire environ 6 Mm3 par an.

Ce déclin est dû en partie au déclin des niveaux des eaux souterraines dans l’aquifère et à l’Incapacité des équipes de maintenance à atteindre et à faire le travail nécessaire, les réparations et l’entretien à cause des check-points, des bouclages et des autres assujettissements israéliennes.

Les puits d’eau souterraine sont une ressource majeure pour les Palestiniens. Mais Israël, avec ses vastes ressources financières et son contrôle sur l’eau, a été capable de creuser bien plus de puits profonds que les Palestiniens et de ce fait, de pomper une quantité et une qualité d’eau bien supérieure. Quand on compare le nombre de puits palestiniens et leur débit annuel avec le nombre de puits israéliens forés et leur débit, l’écart au niveau de leur utilisation devient très clair. En Cisjordanie, l’extraction des 359 puits donne 62.37 Mm3 par an (pour un usage agricole et domestique) alors que l’extraction israélienne à partir de seulement 36 puits, dont 41.77 Mm3 par an. Israël extrait donc 40% de l’alimentation en eau de 10% des puits en Cisjordanie. De plus, cela ne prend pas en compte l’eau forée des puits profonds tirés des aquifères de la Cisjordanie sur le côté israélien de la Ligne Verte.

Puits domestiques : à l’intérieur de la Cisjordanie, les Palestiniens ont accès à 40 puits domestiques appartenant soit aux municipalités soit au WBWD, et ce, pour une utilisation totale ou partielle. Le débit combiné approximatif par an de ces puits est de 28.6 Mm3.

Puits agricoles : les Palestiniens de Cisjordanie utilisent environ 330 puits agricoles qui génèrent 34.3 Mm3 par an. Ces puits, généralement propriétés privées, se trouvent principalement au nord et dans la Vallée du Jourdain. Ils sont tous dans les Gouvernorats de Jénine, Naplouse, Qalqilya et Jéricho. Bien qu’ils aient été développés pour l’agriculture (irrigation des terres agricoles) dans certains cas ces puits sont utilisés aussi pour une alimentation domestique. Ces puits font faces à beaucoup de problèmes :

  • Depuis 1967, aucun forage de nouveau puits ce qui provoque un déficit en eau (soit un écart énorme entre l’offre et la demande) ;
  • Ces puits sont techniquement à sec ou du point de vue économique ne sont plus utiles et devraient être remplacés par de nouveaux puits mais Israël n’accorde pas de permis pour cela ;
  • Suite à une augmentation constante des prix du combustible, le coût du pompage est devenu un problème majeur auquel doit faire face le développement du secteur agricole.

 



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