Premières impressions de mon voyage en Palestine en juillet 2007.
Mes craintes initiales d’aller en Palestine étaient sans fondement, et je suis revenu entier, un peu mordu par les bestioles du lit, quelque peu fatigué, mais par ailleurs en excellente forme, si je peux utiliser cette expression, après avoir passé dix jours dans un asile de fous.. Car ce qui est certain c’est que les gens en Israël sont devenus fous, je ne vois aucune autre explication de ce que j’ai vu là-bas.
Il y a évidemment bien plus à dire. Dans les prochaines semaines je vais digérer l’expérience, relire mon journal et développer mes photos, et j’aurai beaucoup à dire et à écrire à ce sujet. En attendant, bien que mon expérience ait été très limitée dans le temps et dans l’espace et par le faible nombre de contacts que j’ai eus, souvent même rendus difficiles par la traduction et les différences de langage, j’ai trois observations à faire :
1 – La terre est belle, bien plus qu’aucune image, visuelle ou autre, ne peut donner à voir, et elle est assez grande pour tous. Il n’y a aucune raison spatiale/géographique pour ne pas y laisser entrer certains ou y enfermer d’autres.
2 – J’ai rencontré des tas de Palestiniens dans les bus, chez eux, au travail, dans les boutiques ou en marchant dans les rues de Bethléem, de Ramallah et de Naplouse, les trois villes que j’ai visitées. Gens de tous les milieux depuis les jeunes sans emploi aux boutiquiers et chauffeurs de taxi jusqu’aux docteurs et travailleurs sociaux et même un vieil homme de 85 ans qui n’a pas bougé de sa maison et de son bout de terre au cœur de Bethléem depuis qu’il y est né, en 1922. Une fois seulement dans ces merveilleuses rencontres j’ai ressenti de la haine dans la voix de quelqu’un. Colère, frustration, tristesse, certainement. Et beaucoup. Mais pas de haine. Et jamais, jamais je n’ai ressenti aucun antisémitisme.. Les Palestiniens que j’ai rencontrés n’ont même jamais exprimé l’idée qu’Israël ne devrait pas exister. En fait, aussi fou que ça puisse paraître, les gens disent qu’ils n’ont rien à faire de ce que font les Israéliens, aussi longtemps qu’ils permettent à la Palestine d’exister comme un Etat légitime et respecté. Je réalise que c’est exactement le contraire qu’on nous a raconté pendant des années, mais je suis convaincu que c’est vrai, au moins pour ceux que j’ai rencontrés et leurs communautés.
3 – Le plus important, et peut-être le plus douloureux et difficile d’accepter pour les Juifs, est que la paix en Israël/Palestine ne sera pas possible, jamais, jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse qu’il est né d’un processus colonial, qui a volé à 800.000 Palestiniens leurs terres et leur patrimoine. Ceci veut dire aussi le droit au retour. Toute discussion au sujet du « problème palestinien », des conflits entre le Hamas et le Fatah, les accords d’Oslo, les frontières, les checkpoints, le maintien de la paix par les Nations Unies, les subventions internationales, etc. n’ont pas conduit à la solution du conflit et ne le feront pas tant qu’Israël ne remettra pas en cause son histoire et n’abordera pas le problème des humiliations que ressentent actuellement les Palestiniens 24 heures par jour, sept jours de la semaine.
Ces commentaires sont en accord avec mes opinions de longue date concernant Israël/Palestine et on peut m’accuser de n’avoir vu que ce qui renforce mes préjugés. Je dois admettre que mes sentiments ont pu agir comme un filtre. Mais dans les prochaines semaines je crois que mes photos, mes notes et les références aux travaux d’historiens et chercheurs israéliens et palestiniens montreront que certaines vérités objectives très importantes nous ont été cachées, et que nous continuons à les ignorer, au péril non seulement des Palestiniens mais aussi d’Israël lui-même.
Jonathan Daitch.