Avec LITTLE PALESTINE, JOURNAL D’UN SIÈGE, le Palestinien Abdallah Al-Khatib livre un documentaire bouleversant sur les violences de la guerre, le martyre d’un peuple, mais aussi un précieux témoignage d’outre-tombe : celui d’un quartier aujourd’hui disparu.
Yarmouk était le plus grand camp de réfugiés palestiniens du monde. Créé par l’ONU et les autorités syriennes en 1957, ce triangle de 2km² enserré dans le sud de Damas, comptait près de 150 000 habitants au début de la guerre de Syrie en 2011. Assiégé par les forces du régime de Bachar el-Assad en 2014, il est conquis par l’État islamique et finalement repris et rasé par les bombardements russes. Les autorités syriennes empêcheront le retour des habitants palestiniens dans leurs anciennes maisons.
Le réalisateur est ici le dernier témoin de ce peuple qui après son éviction de la Palestine en 1948 se retrouve pris au piège des logiques de la guerre civile syrienne. Bachar, qui a fait boucler le camp pour étouffer de potentiels groupes armés terrés dans l’enclave, impose sa guerre à une population civile qui continue pourtant de crier son attachement à l’unité avec ses hôtes syriens sous les barils d’explosifs balancés depuis les hélicoptères.
Ici comme à Jaffa ou à Gaza, on célèbre les morts à la prière du vendredi. Ici aussi on brandit dans des keffiehs les corps des enfants martyrisés, mais cette fois-ci à Yarmouk on meurt surtout de faim. La célébration des défunts et le partage de la douleur sont le dernier ciment de ces habitants qui ont tout perdu. Il n’y a plus rien à manger, mais on continue à vivre avec dignité : on joue aux échecs, au piano, on chante, on se balance des vannes, on tague sur les murs et on joue entre gosses alors que le ciel crie sa colère et le ventre crie famine.
Les images inédites de Yarmouk resteront un coup de poing et une tache indélébile !
Prochainement au cinéma !
Source L’ACID