Amis des arts et de la culture de Palestine

78.Journal d’un ex-gendarme d’élite en Palestine

Témoignage : Ancien gendarme chargé de la sécurité du président de la République, Gilles Cauture, écrivain qui fait souvent escale à Bordeaux, a passé trois mois en Palestine

En 2009, il a écrit, dans un appartement de la rue Huguerie, « Un jour en Charente » Éditions Le Fantascope (« Sud Ouest Dimanche » du 24 octobre 2010). Un souvenir d’une promenade en tête à tête avec le président Mitterrand.

Gilles Cauture, l’ex-gendarme d’élite chargé de la sécurité du président de la République, revient régulièrement à Bordeaux. Nous l’avons rencontré ce week-end juste avant un exil volontaire dans un chalet vosgien. L’homme va bientôt y rédiger, de la mi-janvier à la mi-avril, le récit de son séjour chez les Palestiniens.

Trois mois de cohabitation qui l’ont profondément marqué : « Depuis longtemps, je voulais comprendre ce qui se passait dans ce petit territoire qui est l’épicentre des conflits du monde. Le vivre avec ses habitants. Et c’est quand même le berceau des trois religions monothéistes de la planète. Début janvier j’ai pris un vol Genève-Tel Aviv. »

Aux autorités israéliennes de l’aéroport Ben-Gourion, qui hésitent à lui accorder un visa touristique de trois mois, il argue d’un séjour-pélerinage en vue d’un futur roman sans préciser qu’il séjournera de fait en territoire palestinien. Une nuit à Tel-Aviv puis trois autres chez un couple franco-hollandais à Jérusalem, Gilles Cauture arrive à Yanoun, un petit village « régulièrement attaqué par les colons israéliens ».

Une tension permanente

« Une nuit où je logeais chez l’habitant, tout le monde a été réveillé par des coups tambourinés à la porte. C’était l’armée israélienne. Les gens vivent dans une tension permanente. La génération des hommes de plus de 35 ans est fatiguée. Victime d’une lâcheté politique généralisée. Elle ne croit plus aux vertus de la violence. Fatiguée de cette occupation. Il n’y pas de misère comme j’en ai vu à Haïti par exemple, mais une soif incroyable de reconnaissance. J’ai bu un nombre incalculable de thés et de cafés offerts par des gens qui voulaient tous savoir...comment la France voyait les Palestiniens. » Pratiquement pas d’hôtels. Gilles Cauture se partagera entre les auberges de jeunesse et le logement chez l’habitant.

« J’ai demandé à un jeune de 17 ans pourquoi il allait régulièrement défier les soldats israéliens en leur criant ‘‘Shoot me shoot me !’’ et il m’a répondu qu’il n’avait aucun avenir dans cette vie pourrie.

Un autre, en pleurs, à 27 ans, dont dix ans passés en prison israélienne pour jet d’un cocktail Molotov contre un blindé pendant la deuxième Intifada de 2002, m’a confié : ‘‘Je ne rêve plus. Je veux seulement qu’on soit libre de circuler. Je veux bien des Israéliens comme voisins, pas comme occupants.’’ »

Début avril, Gilles a fait le voyage Nord -Sud de Naplouse à Hébron : « Il y a tellement de routes interdites et de check-point que j’ai mis cinq heures pour faire 90 kilomètres. »

Une mise en garde

À l’université d’Hébron, Gilles a parlé de la France et animé des ateliers d’écriture. Un professeur l’a mis en garde avant qu’il prenne l’avion du retour.

« Il m’a recommandé de vider ma boîte mail, de faire disparaître mes photos et de ne surtout pas dire que j’avais dormi en Cisjordanie. Le couple de franco-hollandais a menti en confirmant aux autorités israéliennes que je rentrais dormir chaque soir chez eux à Jérusalem. » Gilles, qui a vécu trois ans à Berlin, a vu le mur « encore plus haut » dressé par une armée israélienne « très jeune, qui a peur, et la peur n’engendre pas de beaux actes. »

Son avis personnel est que la situation actuelle ne dérange pas les autorités des deux camps mais que le peuple palestinien perd peu à peu l’espoir d’une reconnaissance légitime. À l’aéroport, les autorités ont scotché de jaune son passeport après un interrogatoire copieux. L’orange lui aurait interdit tout retour en Israël.

Au printemps 2014, Gilles Cauture reviendra à l’université d’Hébron, diriger un atelier d’écriture d’une douzaine de nouvelles rédigées par autant d’étudiants palestiniens : « Pour l’éditer en France et leur apporter un peu de cette reconnaissance dont ils ont tant besoin. Nous sommes tous mortels et je ne comprends pas que des hommes passent leur vie à se la pourrir. »

Souce : http://www.sudouest.fr/2013/09/29/journal-d-un-ex-gendarme-d-elite-en-palestine-1183462-2780.php



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