Amis des arts et de la culture de Palestine

Lettre de prison : Ameer Makhoul dénonce la manipulation sioniste

Ameer Makhoul est citoyen israélien : il fait partie de cette minorité de Palestiniens qui sont restés dans les territoires attribués par l’ONU à Israël en 1948. Il habite Haïfa avec sa femme et ses deux filles.

Je ne lui connais aucune attache religieuse : il est parfaitement laïque. Il dirige ITTIJAH, organisation qui est un regroupement d’associations palestiniennes d’Israël.

Il s’est rendu récemment en Jordanie pour Ittijah et le gouvernement israélien estime que c’est un acte de collaboration avec une entité ennemie d’Israël. Il a donc été arrêté par le Shabak, le service secret israélien, et mis en isolement total pendant trois semaines, au cours desquelles il a été torturé (ce qui explique qu’il dit dans sa lettre souffrir physiquement).

La même accusation avait été formulée contre le député "arabe israélien" à la Knesset Azmi Bishara, qui s’est enfui à l’étranger avant d’avoir été arrêté.
Ameer risque sa peau.

Il faut l’aider à s’en sortir, car il est évidemment innocent des actes dont on l’accuse et parce qu’il s’agit d’un homme d’une grande droiture, qui a le courage de résister aux fascistes israéliens qui démontrent chaque jour qu’ils sont des criminels.

JC Ponsin
Président des Amis d Al-Rowwad.


«  J ?ai l ?occasion de vous écrire ce court message de l ?intérieur de ma prison, à Gilboa, après avoir été autorisé de sortir de mon isolement total et après avoir obtenu une feuille de papier et un crayon, trois semaines après avoir été coupé du monde entier.

C ?est pour moi une grande occasion pour témoigner de mes remerciements et de ma considération à tous les collègues, amis et personnes solidaires avec moi, les associations, les individus, les étrangers et les Arabes dans la région, les Israéliens et les Palestiniens, dans le pays et dans l ?exil. J ?exprime ma gratitude spéciale à tous ceux qui ont rendu visite à ma famille et l ?ont soutenue après le choc vécu le 6 mai dernier, en pleine nuit (lors de l ?arrestation d ?Ameer par la police sioniste).

C ?est également l ?occasion d ?exprimer ma reconnaissance à toutes les associations internationales et locales de défense des droits de l ?homme qui ont élevé la voix dans cette affaire. Et j ?exprime ma reconnaissance aux organisations partenaires de Ittijah, dans le monde entier, qui a soutenu mon/notre combat pour la justice et l ?obtention d ?un procès équitable afin de prouver mon innocence.

Ma souffrance physique est toujours aussi grande, mais je garde le moral, car la solidarité me procure une sensation extraordinaire.

Mon histoire se résume dans le fait que les appareils de renseignements israéliens, le shabak, ont supposé quelque chose, sans en avoir aucune connaissance ni de preuves. Ils m ?ont demandé et m ?ont contraint à leur expliquer en détail, avec beaucoup de précision, comment j ?ai fait ce que je n ?ai pas fait. Lorsqu ?ils font face à un problème logique pour compléter les arguments, ils ont des moyens juridiques susceptibles de combler les failles grâce à ce qu ?ils appellent les « preuves secrètes » que ni moi, ni les avocats qui me défendent, n ?avons le droit de connaître.

Selon les médias en Israël, je suis coupable dès à présent et je suis terroriste, je soutiens également le terrorisme. Les règles du jeu affirment que je suis coupable, que je sois en mesure de prouver le contraire ou non. Cette supposition collective est assurée avant même la réunion du tribunal et le début des mesures du procès.

La manipulation des preuves et les mesures juridiques légales sont tranchées. L ?appareil du shabak est capable de broder des mensonges devant le tribunal par le biais de ce qu ?il appelle « les preuves secrètes » et au moyen de l ?interdiction de contacter les avocats, d ?interdire la diffusion des renseignements, l ?imposition d ?un isolement total et d ?autres moyens de torture très sophistiqués, qui ne laissent aucune trace directe, malgré leur dureté (voir le rapport de Adalah, sur adalah.org, centre juridique de la minorité arabe en Israël). Je considère que mon cas peut donner l ?occasion à l ?étude de ces outils qui sont des outils de criminalisation de tous ceux qui défendent les droits de l ?homme.

Je souhaite une fois encore insister sur votre soutien et votre solidarité. Vos efforts sont un message essentiel et décisif pour soutenir la victime et stopper la main du bourreau. Je vous en remercie. Poursuivons ensemble le chemin pour réaliser la justice, la dignité humaine, les droits humains et la garantie d ?un procès équitable.

Avec toute ma considération,
Ameer Makhoul



FAIRE UN DON

ACTUALITES

  • L’attaque d’Israël contre le Freedom Theatre dans le camp de Jénine fait partie d’un génocide culturel

    La destruction du théâtre et l’arrestation de son personnel s’inscrivent dans une tentative générale visant à briser les Palestiniens de Cisjordanie occupée sur le plan psychologique et émotionnel
    Lorsque Mustafa Shetha, père de quatre enfants et directeur général du Freedom Theatre, a été enlevé de chez lui le mercredi 13 décembre, qu’on lui a bandé les yeux et qu’il a été incarcéré, battu et privé de nourriture et d’eau, ce n’était pas le fruit du hasard.
    Les soldats israéliens, qui avaient la moitié de son (...)

  • Détruire l’héritage culturel de Gaza est un crime contre l’humanité

    Au moment où j’écris, le décompte des morts dans le conflit actuel s’élève à plus de 18 000. Nous avons vu des images de morts et de blessés, de gens qui extraient des victimes de décombres. Il y a eu dans le monde beaucoup de protestations au sujet du bombardement par Israël d’hôpitaux, d’écoles et de camps de réfugiés.
    Mais un des aspects des bombardements d’Israël dont on a le moins parlé est la destruction du patrimoine culturel : documents, monuments, objets d’art.
    Le 19 octobre, des frappes aériennes (...)

  • Taysir Batniji : « Parlez, diffusez la vérité, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver Gaza, ou ce qu’il en reste. »

    J’ai hésité à publier ce post. Je ne voulais pas annoncer autant de drames en si peu de jours ; même dans mes pires cauchemars, jamais je n’aurais imaginé que j’aurais à faire une chose pareille. Ce qui s’est passé, et continue à se passer, est atroce. Personne ne peut supporter un tel choc. Mais le monde doit voir les crimes de l’occupant, qui, non content d’avoir exterminé ma sœur avec toute sa famille, a bombardé il y a quelques jours notre maison familiale à Shija’iya. La maison où je suis né et où (...)